La France au XVI e siècle

Saturday, November 08, 2008
















Clément Marot ( 1496 - 1544 )


Poète français protégé de François Ier et de sa soeur, il représente le premier humanisme français. Il publia en 1543 des Psaumes traduits en français, ce qui au regard de la religion catholique médiévale constituait une hérésie.

Certains critiques subtils (Luc van Brabant, Karine Berriot) ont vu dans les poèmes de Marot les traces d'un amour de celui-ci pour Louise. Il nomme dans plusieurs poèmes une « Bella Rubella », alors que Baïf avait surnommé Louise « La Belle Rebelle ». De plus divers jeux anagrammatiques en divers endroits de l'oeuvre de Marot (qui n'en était pas avare) semblent désigner Louise. Les mêmes voient dans un poème biographique des Ezcriz de divers poètes, sans doute écrit par Guillaume Aubert, des allusions à ce sentiment : le « vieil [Poëte] Rommain » serait Marot (dont le nom rappelle par métathèse celui de Roma et, par homonymie, celui de Virgile, Publius Vergilius Maro, ce jeu de mots était courant à l'époque) ; le lieu de la mort, les « Iberiens champs » aurait une simple valeur symbolique.

Sa vie

Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sœur du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réformistes, compose épîtres , ballades et rondeaux . En 1516, il est emprisonné sur dénonciation d'avoir mangé « lard en carême » et transféré du Châtelet — qu'il décrira dans son Enfer de 1539 — à la prison plus libérale de l'évêque de Chartres, avant d'être relâché. Mais en 1527, il est arrêté à nouveau pour avoir aidé un prisonnier à échapper aux sergents et doit demander sa libération au roi dont il a l'appui et la faveur.
Pourtant, en 1531, compromis dans l'affaire des Placards , il doit s'enfuir à la cour de Marguerite de Navarre , puis de Renée de France à Ferrare. Gracié par le roi, il doit abjurer à Lyon (1536), rentré à Paris, traduit les Psaumes en vers français en 1537, et en publie 30 en 1541. Mais à nouveau inquiété, il doit quitter la France en 1542, et se réfugie en Suisse puis en Italie. Il meurt à Turin en 1544.

La diversité de son talent

Poète savant, sans prétendre à l'érudition, comme les poètes de la Pléiade, Marot connaît bien l'antiquité latine. Son Enfer est un catalogue mythologique plein de réminiscences virgiliennes. Mais il n'oublie ni le Roman de la Rose qu'il adapte dans son Temple de Cupido ni Villon, qu'il édite en 1533.

Poète de l'amour, comme tous ceux de son siècle, homme du monde à l'exquise courtoisie qui exprime avec l'emphase nécessaire la beauté de la grande amie, de la belle dame, et la ferveur d'un sentiment presque toujours idéal et platonique, il chante ainsi le Partement d'Anne.
Mais il fut aussi un écrivain religieux très sincère qui renonça à la carrière confortable et brillante de poète de cour, de flatteur aimable et choyé du roi, pour rejoindre les indisciplines et les réformés en un exil volontaire et définitif. C'est avec une parfaite humilité qu'il s'est consacre à la traduction des Psaumes, composant ainsi des chants populaires que les protestants adoptèrent dans leurs églises dès 1542.

En fait, Marot est avant tout un poète de circonstance: c'est là sa véritable originalité, et l'explication de la variété de sujets et de tons dans sa poésie.

Il n'a jamais été si personnel, si original, si indépendant, que dans les innombrables poèmes écrits sous la pression des événements, dans une intention bien définie: être délivré de prison, obtenir une faveur, de l'argent, un cheval... Il a créé et porté à sa perfection le genre de l'épître familière, comme Ronsard a illustré l'ode , du Bellay le sonnet et, au siècle suivant, La Fontaine la fable . Chaque épître à son unité propre, sa composition, ses images, son style.

Cette Épître au Roi pour Marot malade à Paris fut écrite lorsque Marot, en avril 1531, était atteint de la peste. Son valet de chambre venait de lui voler l'argent donné par le roi. Jamais il ne s'est montré conteur plus vif, inattendu, plaisant, que dans le récit de ses mésaventures. Jamais personne n'a si bien su voiler, sous le rire et la fantaisie, une mélancolie profonde. Jamais aussi on n'a mêlé à l'expression d'une telle mélancolie le badinage subtil qui amène adroitement une prosaïque demande d'argent. ( Azadunifr )

Œuvres principales

L'Adolescence clémentine (1532 ; une Suite paraît en 1534)

Ce recueil des pièces de jeunesse de Marot, le seul qu'il donna avant les éditions de ses Œuvres en1538 et 1544, est fort composite : des grands poèmes allégoriques des débuts aux Epigrammes, en passant par les Epîtres, Rondeaux et Ballades, auxquels les éditions modernes joignent les traductions des Psaumes, c'est Marot dans toute sa variété et surtout dans toute sa portée. Proche encore du Roman de la Rose dans Le Temple de Cupidon, on le voit à partir de L'Enfer dépasser les allégories pour jouer plus légèrement de l'équivoque, montrant une aisance quelquefois vertigineuse dans une langue toute de fluidité. Les pointes se multiplient, le regard s'aiguise, la mise en scène de soi et de l'autre gagne en finesse et en ironie. Quelques pièces sérieuses émaillent un ensemble plutôt jovial, voire satirique (Epitaphes, Epigrammes).

Liste des oeuvres de Clément MAROT


Le blason du beau tétin

Épigrammes (1535)
(Extrait)


Tétin refait, plus blanc qu'un œuf, (1)
Tétin de satin blanc tout neuf,
Toi qui fait honte à la rose
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin voire (2)
Mais petite boule d'ivoire
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu'il en est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller (3)
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage, (4)
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains (5)
De te tâter, de te tenir :
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô tétin, ni grand ni petit,
Tétin mûr, tétin d'appétit,
Tétin qui nuit et jour criez
«Mariez moi tôt, mariez !»
Tétin qui t'enfles, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces : (6)
A bon droit heureux on dira
Celui qui de lait t'emplira,
Faisant d'un tétin de pucelle,
Tétin de femme entière et belle.

(1) refait : nouvellement formé
(2) voire : qui n'est pas, à vrai dire, un tétin
(3) baller : danser
(4) demeurant : de tout le reste de la personne
(5) trois syllabes
(6) décolleté, haut de la robe, corsage

( Azadunifr )

Extraits de Yves Guiraud, Introduction
Textes liminaires de l'Adolescence clémentine
poeme

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