La France au XVI e siècle

Saturday, November 15, 2008



Les différents genres

Contes et nouvelles


Les contes continuent la tradition médiévale en traitant des problèmes de la morale, de la religion, du savoir. Ils sont pour la plupart amusants et gardent le caractère oral des fabliaux et des farces. En général, ils représentent des récits invraisemblables. Les personnages sont choisis dans diverses couches de la société. S’il y a des pointes satiriques, elles sont adressées aux moines et aux curés, aux gens de la justice, aux femmes bavardes et inconstantes. On peut citer dans la fibre satyrique, les œuvres de Noël du Fail dont les étonnants Propos rustiques (1547) mettent en scène quatre vieux paysans évoquant les mœurs d’autrefois.

Les nouvelles sont introduites en France grâce à l’imitation de Boccace. Il s’agit de récits généralement brefs, de construction dramatique, avec des personnages peu nombreux. Au XVIe la nouvelle française est liée au nom de Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier. Dans son Heptaméron elle peint des situations simples et contemporaines et marque le début de l’étude psychologique en littérature. L’intrigue est toujours amoureuse, les personnages sont pris du réel.

Roman

Si le roman d’aventures continue à avoir le plus de succès, c’est l’œuvre de François Rabelais (1494-1553), à la fois homme d’Église et médecin, qui domine le siècle par sa truculence et son humanisme optimiste. Cette œuvre porte en elle toute la complexité du genre romanesque et, ce qui est plus important, de la réflexion humaniste de l’époque. C’est le roman de François Rabelais (1494-1553) Gargantua et Pantagruel. Dans cinq livres publiés de 1532 à 1564, Rabelais, nourri de ses lectures et de ses souvenirs, reprend les légendes d’une famille de géants et, à travers les aventures de ses personnages Gargantua et Pantagruel, père et fils, exprime ses idées humanistes sur le bonheur, la guerre, l’Église, l’éducation, la politique d’un roi, l’ordre social. Son idée maîtresse est la foi enthousiaste dans la raison et les possibilités humaines. Ses personnages principaux ont l’esprit large, l’âme magnanime, le bon sens, l’avidité du savoir, l’amour de l’action, la haine du fanatisme religieux et politique, la volonté de chercher la vérité sans arrêt. Ce sont, en effet, les traits de l’Homme de la Renaissance. L’idée de l’homme fidèle à sa nature, qui reste lui-même, sans masque, trouve son incarnation dans le personnage de Pantagruel et s’exprime aujourd’hui par la notion de « pantagruélisme ».

Les cinq livres de Rabelais constituent une œuvre continue, comportant des «genres» différents : légendes antiques parodiées, récits épiques, scènes de lamentation ou de la comédie, dialogues, enquêtes. Rabelais se sert de l’allégorie, du grotesque, de la caricature, de la bouffonnade, de tous les moyens traditionnels médiévaux, pour revêtir le fond humaniste de son œuvre. L’unité est assurée par sa langue prodigieuse, extrêmement riche, abondante. On dit souvent que le vrai géant de l’œuvre, c’est la parole. Une autre caractéristique importante en est le rire : tout est dit dans le rire et par le rire, ce qui, d’après Rabelais est le propre de l’homme.

Essais

Ce titre créé par Montaigne (1533-1592) est sans précédent dans la littérature française. Les Essais paraissent en trois éditions qui sont tour à tour inspirés par la lecture des Anciens. Deux choses attirent l’intérêt : la réflexion générale sur l’homme et le monde et la réflexion sur ce que lui, Montaigne, représente en tant qu’homme. La façon dont il parle de lui sans la moindre gêne, avec une sincérité mêlée de modestie et d’orgueil à la fois, reste unique. Partant de son cas individuel, il s’engage à réfléchir et à donner des jugements sur tout ce qui l’impressionne : la vie et la mort, la vérité et le mensonge de certaines sciences, les possibilités de comprendre le monde, les faiblesses de l’homme et de la religion, l’amitié, l’instruction des enfants, les voyages, les affaires, la politique. Il enseigne l’art de vivre aisément, même avec un certain égoïsme, en prenant la nature pour guide. Son humanisme n'est pas enthousiaste comme celui de Rabelais : il doute de la force humaine et conseille de former le jugement de l’homme pour qu’il puisse mieux organiser sa vie. Quant à ses idées politiques, il est pour l’entière soumission au pouvoir du roi.

Les critiques cherchent dans l’œuvre de Montaigne très riche et très complexe, la sagesse, le stoïcisme, l’épicurisme, le scepticisme. Mais son grand mérite réside d’abord dans l’intelligence et l’habileté avec lesquelles, à travers sa personnalité, il peint l’homme de la deuxième moitié du siècle, et dans sa volonté de trouver une méthode, un art personnel de vivre.

Poésie

La poésie lyrique occupe de loin la première place avec le rôle majeur joué par la Pléiade, un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en français. Il réunit sept personnes : Ronsard, Du Bellay, Jean Dorat (leur professeur de grec), Rémi Belleau (lequel remplaça, en 1554, Jean de La Péruse, décédé), Étienne Jodelle, Pontus de Tyard et Jean Antoine de Baïf.

En 1549 un manifeste est publié, Défense et Illustration de la langue française. Il proclame avec enthousiasme les principes esthétiques d’un groupe d’humanistes, la Pléiade. Ils sont nouveaux par rapport au Moyen Âge : enrichissement de la langue poétique nationale par des emprunts aux dialectes ou aux langues antiques et étrangères ou bien par la création de mots nouveaux ; imitation des Anciens et des Italiens ; conception du poète comme un démiurge et de la poésie comme un art sacré. Les humanistes de la Pléiade défendent la poésie du latin et veulent l’illustrer par des genres imités ou empruntés. L’imitation et les emprunts sont conçus à l’époque comme un moyen de dérober les secrets des étrangers pour créer une poésie française infiniment plus belle.

Le chef incontestable de ce groupe est Pierre de Ronsard (1524-1586). Poète de cour, il connaît la gloire de son vivant. Il pratique quatre grandes formes : l’ode, le sonnet, l’hymne, le discours. Ses premières œuvres sont marquées par l’imitation des poètes antiques et italiens, mais son imagination et sa sensibilité prennent le dessus pour les imprégner d’un lyrisme personnel. Il fait l’éloge de la beauté physique et de la perfection morale de quelques personnages féminins, devenus célèbres grâce à la puissance évocatrice de ses images : Cassandre, Marie, Hélène. Recueils lyriques principaux : Odes (1550-1552), les Amours de Cassandre (1552), les Amours de Marie (1555), Sonnets pour Hélène (1578).

Le poète Joachim du Bellay (1522-1560), auteur du manifeste Défense et illustration de la langue française (1549), fait preuve d’un lyrisme profond et vrai. Il se traduit à travers quelques thèmes : la force destructrice du temps, la beauté et la gloire du passé, la nostalgie pour son pays et l’admiration de la nature. La sincérité est le trait caractéristique de sa poésie qu’illustrent les Antiquités de Rome et les Regrets (1558).

La poésie engagée et philosophique, moins proche de nous, tient cependant une place notable à l’époque. Les prises de position religieuse au milieu des conflits de la seconde moitié du siècle se retrouvent dans des poèmes aux accents graves, à la fois tragiques et épiques comme dans les Hymnes (1555-1556), Discours sur les misères de ce temps (1562), ou la Franciade (1572, inachevée ), œuvres de Ronsard le partisan catholique ou les Tragiques du combattant protestant Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630).

Des poètes de moindre importance ont également participé à ce renouveau de l’expression poétique au XVIe siècle, à commencer par Clément Marot (1496-1544) qui s'inspire de la tradition du Moyen Âge avant de développer un art plus personnel, fait de lyrisme et de religiosité. Les poèmes de Maurice Scève (1501?-1564?) et Louise Labé (1524-1566) chantent, quant à eux, les sentiments amoureux avec beaucoup de sensibilité et de maîtrise de l’art poétique.

Théâtre

Si le début du siècle voit se perpétuer le théâtre religieux du Moyen Âge, la deuxième moitié du siècle est marquée par l’apparition d’un théâtre politique (lié aux guerres de religion) aujourd’hui oublié. Mais, pour cette période, c’est essentiellement un genre nouveau que l’on nomme souvent (d’un terme maladroit) la tragédie antique qui mérite l’attention.



Étienne Jodelle (1532-1573)Ce renouveau littéraire est porté par des auteurs comme Étienne Jodelle qui écrit la première tragédie en langue française et en alexandrins avec Cléopâtre Captive en 1552 ou encore Didon se sacrifiant, avant de connaître disgrâce et misère. Jodelle fait également représenter la première comédie, Eugène (1552) : écrite en prose, la pièce suit des modèles italiens et ses traits amusants viennent de la farce.

laissera lui aussi des œuvres à la manière antique : Hippolyte ou Antigone (1580) et surtout les Juives (1583) dont le sujet vient de l’Antiquité biblique mais dont l’esthétique est bien dans l’esprit d’Aristote. Il inventera également la tragédie à fin heureuse – la tragicomédie – avec Bradamante en 1582.

D’autres noms méritent d’être cités même si leurs œuvres sont aujourd’hui presque oubliées : Antoine de Montchrestien (1575-1621) ou encore Alexandre Hardy (1572? - 1632?) auteur prolifique dont on peut citer quelques titres évocateurs de leur sujet antique comme Didon ou Lucrèce) ou encore Jean Mairet (1604-1684). Autant de créateurs qui assurent la transition avec le jeune Pierre Corneille (1606-1686) dont la première tragédie, Médée date de 1635.
( Azadunifr )

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