La France au XVI e siècle

Saturday, November 08, 2008












Marguerite de Navarre
(1492-1549)

Biographie

Soeur de François Ier, épouse du duc d'Alençon (1509), puis du roi de Navarre (1527), Marguerite joue un rôle capital au cours de la première partie du siècle. Proche de son frère sur lequel elle exerce une influence profonde, notamment diplomatique, elle est ouverte aux idées nouvelles et réunit autour d'elle tant à la cour de France qu'à Nérac, un cercle d'humanistes et d'écrivains. Dès 1518, elle est gagnée à l'évangélisme de l'évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet, avec lequel elle entretient une importante correspondance. Mystique, elle est profondément marquée par le sentiment du néant de l'homme et met son salut dans la figure du Christ rédempteur et dans l'amour de Dieu qu'elle teinte de néoplatonisme. Par la suite, Marguerite interviendra souvent pour défendre les écrivains suspects aux yeux des autorités religieuses tels : Clément Marot, Étienne Dolet et Bonaventure des Périers.
Après le Dialogue en forme de vision nocturne (1525) et des oeuvres théâtrales, elle donne, en 1531, son poème : Miroir de l'âme pêcheresse, qui sera attaqué par la Sorbonne lors de sa réédition en 1533, et nécessitera l'intervention de François Ier. Le livre est empreint des idées évangélistes qui font de la foi et de la charité les voies du salut. Il sera suivi par de nombreux autres poèmes dont les Chansons spirituelles où Marguerite de Navarre utilise la structure poétique de chansons profanes en leur substituant des textes religieux. Après l'affaire des Placards (1534), Marguerite se retire à Nérac et réunit ses oeuvres dans les Marguerites de la Marguerite des princesses (1547). Reste qu'une partie importante de ses textes restera inédite jusqu'à l'édition d'Abel Lefranc (1896).

Dès 1542, Marguerite compose l'Heptaméron. Il a pour modèle les dix journées du Décaméron de Boccace, texte traduit en France en 1414 et qui le sera à nouveau en 1545, par François le Maçon. Mais, interrompu en 1549 par la mort de Marguerite en 1549, l'Heptaméron ne rassemble que 72 nouvelles se déroulant en sept journées. Il paraîtra quelque peu retouché par Claude Gruget en 1559, avant que le texte original ne soit restitué en 1853. Comme dans le Décaméron de Boccace, les nouvelles s'inscrivent dans une histoire-cadre (la cornice italienne). Dix voyageurs sont réunis dans une abbaye, alors qu'un violent orage a coupé toute communication. Pour passer le temps, cette société écoute des histoires "vraies" dans des registres divers. La réussite de cet ouvrage tient au fait qu'il privilégie aussi la conversation, le "devis", car chaque nouvelle est suivie des commentaires tenus par l'ensemble des auditeurs.
( Azadunifr )

Sa vie

Marguerite de Navarre est appelée également Marguerite de Valois1, Marguerite d’Angoulême ou Marguerite de France1. Elle est née le 11 avril 1492 à Angoulême et est morte le 21 décembre 1549 à Odos-en-Bigorre. Elle joue un rôle capital au cours de la première partie du XVIe siècle: elle exerce une influence profonde en diplomatie, elle manifeste un certain intérêt pour les idées nouvelles et encourage les artistes tant à la Cour de France qu'à Nérac. Elle est aussi connue pour être, après Christine de Pisan et Marie de France, l'une des premières femmes de lettres françaises.

L’enfance

Princesse de la première branche d'Orléans de la dynastie capétienne, elle est née le 11 avril 1492 à Angoulême. Fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulême (1459-1496) et de Louise de Savoie, elle est l'aînée de deux ans du futur roi de France François Ier.

Charles, son père, est en disgrâce sur son domaine après 1487 (« Ligue des Princes »). Il partagera sa vie entre les plaisirs de seigneur et ceux de lettré. Sa mère, Louise, est toute attention pour son fils (François de Paule, futur saint, lui a prédit un destin de roi). Mais il faut reconnaître que « sa vocation à écrire et à méditer sera éveillée par les meilleurs maîtres, et confortée par cette femme cultivée dont les vertus d'éducatrice sont trop négligées par la plupart des biographes: sa mère. »

Quels sont ceux qui auront la tâche d'éduquer ces deux enfants? Blanche de Tournon (jeune et jolie) sera la "maîtresse des mœurs", François du Moulin (traité des "choses à connaître" avec miniatures et citations de Cicéron et Juvénal). François de Rochefort est un latiniste réputé et Robert Hurault s'occupera de la philosophie. Louise a pour devise Libris et liberis: son penchant pour les livres rejaillira chez Marguerite. Rappelons la richesse de la bibliothèque de Blois, ordonnée par Guillaume Budé et riche des livres ramenés d'Italie par Charles VIII et Louis XII. On est bien loin de ce qu'affirmera un jésuite au moment de la Contre-Réforme: « Donnez un livre de poésie aux filles, elles feront l'amour. Donnez-leur un livre de prose, elles contesteront le credo ».

La piété, des études solides, des jeux, des rires, un amour familial seront les composantes de la jeunesse de Marguerite.

La vie de femme

Depuis l'âge de huit ans les prétendants se sont succédé : le marquis de Montferrat, Arthur, prince de Galles, le duc d'York,frère du précédent, le duc de Calabre,fils du roi de Naples et le roi Christian II de Danemark.

Mais un procès opposant les Maisons d'Angoulême et d'Alençon, en 1509, à 17 ans, elle épouse en premières noces le duc d'Alençon Charles IV. Ce mariage permet d'éteindre ce vieux différend. La vie au château d'Alençon ne fut certainement pas joyeuse « ... enfermée dans un sombre château médiéval, entre une belle-mère très pieuse, et un mari illettré, d'esprit militaire. »

Entre 1515 et 1518, la situation matérielle de Marguerite s'améliore nettement: cadeaux du roi, bals, fêtes... car son frère cadet, François de Valois-Angoulême, est monté sur le trône de France en 1515 (sous le nom de François 1er) à la mort de Louis XII. Marguerite remplace même dans les cérémonie officielles sa belle-soeur, la reine Claude, première épouse du roi, pendant la grossesse de celle-ci. Clément Marot, son valet de chambre, nous la décrit ainsi: «corps féminin, cœur d'homme, tête d'ange »

De 1521 à 1524, la correspondance de Marguerite avec l'évêque de Meaux, Briçonnet, nous permet de mieux cerner l'évolution de sa spiritualité. "Marguerite s'apprête à accepter la devotio moderna sans se laisser déraciner. « Comme le Cénacle de Meaux- Briçonnet, Arande et Roussel-, elle appartiendra bientôt à ces girondins de la Réforme, condamnés par les extrémistes des deux camps, les traditionalistes et les révolutionnaires. Elle restera prise entre l'arbre de l'obéissance et l'écorce de l'intolérance2 ».

Rappelons quelques faits:

• 1521, Lefèvre d'Etaples sera secouru par le roi après la condamnation par la Sorbonne de son livre les Trois Maries.

• 1522: Marguerite se retrouvera suspectée d'hérésie après les Commentaires sur les quatre Evangiles de Lefèvre d'Etaples.

• 1523:la Sorbonne profite des difficultés diplomatiques du roi pour s'attaquer au Cénacle. Le Conseil du roi permettra aux réformistes d'échapper aux poursuites.

• 1524, la paix entre la France et le Saint-Siège oblige Briçonnet à faire marche arrière et à dissoudre le Cénacle. Marguerite recevra une aide morale chaleureuse de Briçonnet quand elle vivra des deuils successifs. Elle montrera aussi son acceptation du réformisme: certaines de leurs thèses se retrouvent dans sa première œuvre: Dialogue en forme de vision nocturne. L'influence de Meaux se fera sentir tout au long des années qui suivent.

Mission diplomatique

• 1525, année terrible: Marguerite, qui est à Lyon, apprend la défaite de Pavie. Son frère François Ier y est fait prisonnier. Quant à Charles d'Alençon, son époux, il a réussi à prendre la fuite après la bataille et à rejoindre Lyon, mais il mourra en avril 1526. Marguerite sera désignée pour négocier avec l'empereur Charles Quint, la libération du roi de France. Mais l’empereur et son chancelier, Mercurin de Gattinara, ne veulent pas entendre parler de rançon : ce qu’ils exigent c’est la rétrocession de la Bourgogne dont Charles Quint est théoriquement héritier par sa grand-mère. La mission de Marguerite échoue donc, mais elle a permis d'apporter au roi François 1er un précieux réconfort.

La "Reine Marguerite"

En 1527, veuve et sans enfant elle se remarie à Henri II d'Albret, roi de Navarre. La voilà reine, mais d'un royaume de Navarre amputé de sa partie sud, située au delà des Pyrénées et que son puissant voisin espagnol Ferdinand II d'Aragon a annexé en 1512. Elle accouche en 1528 d'une fille, Jeanne, qui sera la dernière reine de Navarre et la mère du futur Henri IV de France.
Marguerite entre dans une période de deuils: en 1530 son fils Jean a six mois lorsqu'il décède; en 1531 elle perd sa mère, Louise de Savoie.

Les antagonismes religieux s'accroissent: la Sorbonne réagit au prêche de Gérard Roussel, un protégé de Marguerite, en condamnant Le Miroir de l'Ame Pécheresse. L'affaire des placards en 1534 amène le roi, son propre frère, à sévir contre les réformateurs que Marguerite protège. Par prudence, elle regagne alors ses Etats du sud-ouest puis parcourt le midi de la France.
Marguerite tente la voie de la conciliation avec l'empereur Charles Quint pour récupérer ses territoires au sud des Pyrénées: les conférences se succèdent à Nice et à Aigues-Mortes, les gestes de bonne volonté, les projets d'union de la petite Jeanne avec le petit infant Philippe.
C'est un échec tout comme son opposition au puissant connétable de France, Anne de Montmorency.

La "Marguerite des Marguerites"

Marguerite, au fur et à mesure que son influence politique décline, voit son rôle de protectrice des lettres augmenter. On peut en juger par le nombre croissant d'œuvres qui lui sont dédicacées: Nicolas Bourbon, Jean Salmon, Paul Paradis, Etienne Dolet, Vauzelles, Salel, Nicolo Martelli, Bandello, l'Arétin, Luigi Alamanni.

Dès la fin 1542 elle retourne sur ses terres: elle partagera son temps entre la composition de l'Heptaméron et les responsabilités du pouvoir en l'absence de son mari. Un bref retour au Louvres à partir de janvier 1545: elle aura à assumer les décès du deuxième fils du roi puis celui de son frère. Elle se retire du monde pendant quatre mois au couvent de Tusson.

En 1547 François Ier meurt et son fils Henri II monte sur le trône des llys.

En 1548 sa fille Jeanne, après bien des péripéties, se marie avec Antoine de Bourbon-Vendôme. Marguerite a tout tenté pour éviter cette union. Elle retrouvera le Béarn pour quelques mois et s'essaiera aux bienfaits du thermalisme à Cauterets. Elle décède à 57 ans le 21 décembre 1549 d'une inflammation des poumons due au froid de la nuit dans son parc d' Odos. La reine meurt seule, son mari arrive trop tard. Les obsèques seront célébrées le 10 février 1550 en la cathédrale de Lescar, nécropole des rois de Navarre. ( Azadunifr )

Œuvres principales

Heptaméron (1558)

Sous le signe de deux références essentielles : la vérité et le Décaméron de Boccace, dont Marguerite a encouragé la retraduction, l'Heptaméron réunit soixante-douze nouvelles, unifiées par un cadre narratif dont l'unité est la journée. L'importance des conversations entre devisants, qui commentent et discutent le sens de chaque récit, permet de mettre en évidence les enjeux (nouveaux) des nouvelles, et les liens qui les unissent : retournements, parallélisme, exception dynamisent le recueil, cependant que les ressorts dramatiques internes, encore largement stéréotypés mais développant déjà quelques situations romanesques et sentimentales, tournent essentiellement autour de l'amour. Entre platonisme et gaudriole, il s'agit d'en explorer les modalités, de découvrir d'éventuelles justifications à un péché auquel nul n'échappe — et que compliquent les rapports de force qui brouillent les relations entre hommes et femmes.
( Azadunifr )
L’Heptaméron [ fr ]
L’Heptaméron [EN ]

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